Un professeur de français témoigne...

mercredi 11 novembre 2009

Colette Maurellet est professeur de lettres classiques au collège Edmond Nocard à Saint-Maurice. Elle a participé à de nombreuses recherches INRP dans l’équipe de didactique des langues et c’est en partie grâce à son apport spécifique que nous avons réussi à construire des liens didactiques solides entre la discipline français et l’apprentissage de l’anglais au collège. Notre réflexion sur la nature des obstacles issus de la confusion langue/réalité a permis la création de concepts didactiques transversaux et le développement d’une démarche didactique commune français/anglais dans l’appréhension des obstacles.



––––––––––––––––––– 

Le ARB en cours de français 


par Colette Maurellet


  


Professeur associée à la recherche INRP menée par Line Audin, je témoigne ici de mon expérience de professeur de lettres classiques.


Au cours de ces dernières années, je me suis heurtée à des difficultés de plus en plus nombreuses et fréquentes : erreurs de découpage des groupes fonctionnels dans la phrase, non acquisition des automatismes dans la chaine des accords, non repérage du sujet grammatical, et plus grave, fréquence des non sens dans les repérages et les graphies.


Deux solutions : déplorer la perte des acquis grammaticaux et fustiger le travail en séquences, le manque de temps accordé à la grammaire, etc, ou adopter une démarche qui réconcilie grammaire et sens.


Rôdée grâce à Line Audin à l’analyse des obstacles et des erreurs et persuadée que la formation des esprits et la réussite scolaire passent par la rigueur de l’analyse, j’ai adopté sans réserve une approche de la grammaire et la démarche mises en œuvre dans les classes du dispositif ARB à Georges Rouault.


Sachant que l’écueil du sens est l’obstacle majeur, il me paraît indispensable de saisir toutes les occasions pour faire mesurer aux élèves l’écart entre langue et réalité. C’est la base du système d’approche linguistique.


Souvent nous croyons que les élèves sont bien dans la langue alors qu’ils sont dans la réalité. Faut-il alors s’étonner qu’une bonne élève écrive "*Tout le monde arrivent" et justifie avec acharnement son accord par le fait que "tout le monde" désigne beaucoup de gens ?


Pas question dans le collège où j’enseigne d’obtenir des heures pour mettre en place un dispositif même s’il est finalement peu coûteux. Mais il est tout à fait possible de mettre en place la notion de « Monde Intermédiaire » (M.I.)1 dans le cadre des cours : apprentissage du sujet en 6e, correction des accords erronés dans les dictées et les travaux d’expression écrite, transformation actif/passif, et même en 3e analyse stylistique (effet dû à l’inversion du sujet, à la structure emphatique, figures de l’antithèse ou du chiasme).


La remontée aux éléments essentiels de la réalité permet en liant sens et langue de repérer la phrase minimale, le noyau du GN, les perturbations dans l’ordre des mots et de saisir les référents des pronoms, opération indispensable à la compréhension des textes.


1Concept didactique créé par l’équipe de recherche en 2006, qui permet de faciliter le va-et-vient entre langue et réalité.


Commentaires